Podcast épisode 12

Transcript de la conclusion de l’épisode

Alexis Merci beaucoup à vous deux pour cet échange très intéressant. Vous pourrez aussi rebondir si vous avez envie., après le partage de Sara. Je me tourne vers Sara

Sara C’est chaud ! (rires)

Alexis C’est chaud, le micro est à toi, Sara.

Sara Vous avez tous les deux partagé des trajectoires, finalement, qui vous ont fait passer d’une forme d’émerveillement ou de geekerie à une révélation du côté un peu dark du numérique. Le numérique qui porte atteinte aux femmes ou toute personne en situation de minorité ou de discrimination. Le numérique qui emplit de plus en plus notre vie, et donc c’est aussi ça qui fait sa dimension dévastatrice. Vous avez évoqué aussi le numérique comme fait social total, et qui en fait, il y a les mêmes débats qu’à l’intérieur de la société. C’est juste que le numérique irrigue la société et donc ça amplifie encore cette mécanique. Vous avez parlé d’aussi du numérique comme amplificateur des phénomènes sociaux existants, préexistants, et du numérique dominant qui, aujourd’hui, n’est plus acceptable. Donc, en gros, ce cheminement un petit peu, j’espère que je vous trahis pas trop dans cette synthèse (rires) qui vous a ouvert quelque part les yeux sur la face cachée du numérique, et un peu cassé vos rêves d’enfants. (rires)

Alexis Et je me suis beaucoup reconnu aussi dans ça.

Sara Moi je me suis très tard au numérique et je ne suis pas de la même génération. (rires) J’ai moins eu ce cheminement. Alors vous avez aussi proposé des solutions face à tous ces constats. C’est notamment l’un l’autre, vous partagez cette notion autour de l’éducation qui a moyen de reprendre le pouvoir dans une perspective d’égalité en formant mieux autour du numérique et de la notion d’égalité derrière, à former à l’esprit critique aussi, pour sortir un peu de cette façon de gober ce qu’on reçoit comme matière du numérique, en étant en conscience par rapport à ça. Mathilde t’a évoqué aussi dans ton bouquin, est de nouveau là, la question du care, effectivement, en fait, d’utiliser la face vertueuse du numérique, puisque vous avez aussi évoqué le fait que on peut s’appuyer, tirer le fil, de tout ce qui est aussi positif dans la mise en lien, dans la diffusion de de contenu qui peut être utilisé. Se retourner pour un numérique qui a plutôt de la valeur. Et de remettre la partie lumineuse d’internet au service de… (rires) Et puis, il y avait un troisième sujet, aussi pour toi, Mathilde, qui était, en tant que société, on peut mettre des limites. En fait, quand on se rend compte qu’effectivement, qu’un Elon Musk ou un Meta prend une amplitude tellement monstrueuse que ça peut avoir la même puissance, ça a déjà aujourd’hui quasiment la même puissance qu’un état mais en tant que société. C’est aussi là-dessus que vous avez conclu quelque part, sur toutes les actions qu’on peut mener : en s’inscrivant dans des associations, dans une action politique pour quelque part devenir acteur et éviter de en subir des situations qu’on a en face négative du numérique. Toi, Louis, tu as parlé de tout ce qui est cette approche alternumérisme radical, justement pour faire un peu contre pied à tout ce qui est alternumérisme et qui devient presque mainstream, en fait, même le gouvernement s’en empare en disant qu’il faut avoir une autre approche du numérique. Et donc c’est cette radicalité aussi qui te mène vers cette notion de numérique acceptable, dans lequel tu mets à la fois la notion de soutenabilité, en prenant l’aspect écologique et social. Tu ajoutes aussi le côté émancipateur et non aliénant, c’est des choses qui recroisent aussi ce que tu dis, bien sûr, Mathilde, et le caractère choisi du numérique, en gros, qu’on ait la main sur le sujet. Tous les deux vous recroisez de toute façon à travers ce que vous partagez à peu près les mêmes concepts, je pense qu’il y a pas de grosse… même si c’est formulé peut-être différemment ou pas sous un même prisme. Et évidemment, l’alternumérisme il est en transversal de toutes les autres luttes : féministes, antiracistes. Vous avez aussi partagé quelques exemples. Tu parlais Mathilde de wikipedia, qui, en fait, il y a que 9% des femmes qui contribue sur wikipédia, petit reveal pour moi. (rires)

Mathilde Déso (rires)

Sara Et qu’on ne parle qu’à 17% de femmes, ça c’est moins une surprise, je dirais, parce que voilà, c’est une banalité presque. Et qu’en revanche, face à ça, il y a des assauts, notamment ce que tu as repéré, AFFS à Nantes, ou les sans pages en Suisse, qui travaillent à éduquer, là encore, à wikipedia, et à amener des femmes à contribuer. Tu as donné l’exemple notamment de framasoft, mais je vais aller un peu plus vite sur les autres. On est revenu sur la fin, à tout ce qui était là encore la nécessité de développer l’éducation, l’éducation populaire, de remettre l’esprit critique au cœur de tout ce qu’on fait. Et de se poser à titre individuel la question de : et si ça s’arrête, ça fait quoi ? Et ce qui amène aussi à se poser la question de si demain ça s’arrête, ça ferait quoi ? Si ça s’arrête tous ces mondes numériques dans lesquels on est, nos smartphones… Ça me fait penser à un film que j’ai vu récemment sur Netflix, pour le coup (rires) mais qui met bien les gens en situation d’un black-out, et c’est assez intéressant ce qui se passe dans la maison. Et question aussi à se poser pour les entreprises, c’est typiquement le genre de questions qu’on a envie d’amener, nous, chez OCTO, et les boîtes à se poser, c’est : demain, on fait quoi, si, ça s’arrête ?

Alexis Ou si conflit ou si ça se dégrade, parce que c’est pas que la question de s’arrêter. Merci ! Peut-être une question qu’il vous reste ? Ou vous avez envie de réagir ?

Sara Ou s’il manque des blocs dans le résumé.

Mathilde J’avais un truc tout à l’heure, mais ça m’est sorti de la tête… (rires)

Alexis Ça t’est sorti de la tête ! Ben alors peut-être qu’on peut…

Louis Pour moi, je trouve que l’exercice n’était pas facile et que c’est c’était vraiment très, très chouette. En tout cas, moi, je me suis beaucoup reconnu dans ce que tu as dit, donc : merci. On pourrait parler, et notamment avec vous, des heures de ces sujets. Il y aurait juste, peut-être, un truc où j’aimerais conclure. En ce moment, je réfléchis beaucoup à la question du logiciel libre. On en n’a pas autant parlé que ce qu’on aurait dû. Parce que c’est un monde qui, là encore, mérite vraiment d’être connu, soutenu, rejoint, voilà financièrement, c’est vraiment une belle alternative pour le coup. En termes de modèles économiques et de questions de propriété intellectuelle, par rapport, là encore, au numérique dominant. Pour moi, ce n’est pas du tout suffisant. Donc, je vois vraiment le logiciel libre comme un moyen de cet alternumérisme, euh de ce numérique acceptable, mais pas du tout comme une fin. Notamment parce que, enfin il y a plein de raisons, mais notamment le logiciel libre pour moi, il ne change pas la caractéristique fondamentale d’un ordinateur qui, je pense il faut qu’on n’oublie pas, c’est qu’un ordinateur, y compris nos smartphones, puisque un smartphone, c’est un ordinateur. Un ordinateur, ça a deux fonctions de base : c’est stocker de l’information sous forme de nombres, c’est pour ça qu’on dit le numérique, et de la calculer, et donc, de cette façon-là, elle surveille, elle crée de la standardisation et elle encode la société, c’est pour ça qu’elle amplifie. Et donc là-dessus, pour moi, c’est vraiment une des choses où la question technoféministe ou des questions de minorités, etc. Il faut vraiment se dire que l’ordinateur est une machine à standardiser le monde, et l’intelligence, les intelligences artificielles sont l’échelle d’après qui amène à binariser le monde, et je pense que là c’est vraiment un sujet qui devrait nous occuper. Et logiciel libre ou pas libre, ça ne changera rien à ces deux caractéristiques.

Mathilde Éminemment politique !

Alexis Donc s’éduquer, politiser. Merci beaucoup, Sara de t’être jetée à l’eau. Merci beaucoup, Louis et Mathilde, pour cet échange.

Mathilde Merci beaucoup

Louis Merci

Alexis À bientôt !